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Une filière éolienne prudente malgré la reprise du secteur se réunit à Lille

Une filière éolienne prudente malgré la reprise du secteur se réunit à Lille

  • 7 octobre 2014
  • min

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Une filière éolienne prudente malgré la reprise du secteur se réunit à Lille

Echaudés par plusieurs années très difficiles, les industriels de l'éolien réunis ce mardi à Lille pour un colloque annuel restent prudents sur l'avenir du secteur en France, alors que l'activité est repartie depuis le début de l'année.

"La reprise est notable", a déclaré en ouverture Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables (SER), organisateur du colloque national éolien.

Au premier semestre, 420 mégawatts (MW) ont été raccordés contre 580 sur toute l'année 2013, selon le Panorama des énergies renouvelables dévoilé par le SER mardi.

"Nous voyons les projets qui se débloquent", a affirmé à l'AFP Emmanuel Jaclot, directeur général adjoint France d'EDF Energies Nouvelles, deuxième exploitant de parcs éoliens en France, derrière GDF Suez.

Côté constructeur de turbines, même perception: "Nous avons installé 243 MW en 2013 et nous serons bien au-delà en 2014", a indiqué Nicolas Wolff, directeur général de Vestas France.

"Si cela continue, nous arriverons à 800 ou 900 MW à la fin de l'année, c'est mieux qu'en 2013 mais moins bien que le pic de 2010", quand la France avait installé 1.250 MW, prédit Jean-Louis Bal.

"Il faut rectifier la trajectoire", pour atteindre l'objectif de 19.000 MW en 2020 qui à se rythme ne sera pas atteint, a-t-il insisté en ouvrant le colloque.

La capacité installée a atteint au 30 juin 8.575 MW, et a représenté 3,7% de la consommation d'électricité sur les six premiers mois de l'année.

La reprise enregistrée depuis le début de l'année est la conséquence de la loi dite Brottes sur l'énergie, adoptée en mars 2013, qui a simplifié les procédures de développement des projets.

"Concrètement, chez EDF EN, trois de nos projets en Languedoc-Roussillon d'une capacité totale de 35 MW ont été débloqués grâce à cette loi", explique M. Jaclot.

Autre moteur de ce regain d'activité: la sécurisation du tarif de rachat de l'électricité produite via les éoliennes terrestres, qui avait été annulé par le Conseil d'Etat après un recours de l'association anti-éolien Vent de Colère.

"Cela avait entraîné un retrait des investisseurs et des banques qui ne finançaient plus aucun projet", explique Anne Lapierre, avocate spécialiste de l'énergie chez Norton Rose.

Le secteur a également fait des progrès technologiques avec des turbines plus puissantes et une meilleure gestion des parcs qui rendent l'éolien plus compétitif face à d'autres énergies.

"Les grands exploitants ont développé un savoir-faire dans l'exploitation des sites à travers par exemple le pilotage à distance et l'optimisation des éoliennes qui a permis de gagner quelques points de rentabilité", note Arnaud Leroi, directeur Energie à Paris de Bain & Company.

- radars et simplification dans la ligne de mire -

Malgré tout, les industriels affichent une certaine prudence, estimant que des verrous empêchent toujours un redémarrage pérenne de la filière.

"La complexité administrative est un mal français et le secteur des renouvelables ne déroge pas à la règle", a regretté Jean-Louis Bal.

Les industriels attendent aussi le vote de la loi sur la transition énergétique, qui doit déterminer les futurs objectifs dans l'éolien et définir un nouveau mécanisme de soutien avec la fin annoncée des tarifs d'achat.

Ils guetteront surtout les mesures de simplification administrative comme la généralisation de l'autorisation unique qui réduirait les recours contre les projets.

"Notre objectif n'est nullement de restreindre la protection de l'environnement mais de réduire les possibilités de contentieux systématiques", a argumenté M. Bal.

"Cela permettrait de diviser par deux la durée de développement des projets qui atteint 8 à 10 ans aujourd'hui", avance Thierry Conil, président de la Compagnie du Vent, filiale de GDF Suez.

Dans ces conditions, pour Arnaud Leroi, si la cible de 19.000 MW est crédible, "le calendrier ne l'est certainement pas, car le secteur se heurte à la question du temps et des recours" d'opposants à leurs projets.

Autre problème, celui de la compatibilité des parcs éoliens avec les radars météos ou militaires, qui s'intensifie à mesure que les parcs se densifient et que la hauteur des turbines augmente.

La profession estime à plusieurs milliers de mégawatts les projets bloqués par des avis défavorables du ministère de la Défense et des discussions sont en cours pour trouver un terrain d'entente au cas par cas.