Communiqué de presse
LA SURABONDANCE DE LIQUIDITES ET LES TAUX D’INTERET HISTORIQUEMENT BAS ONT UN DOUBLE EFFET POUR LE SECTEUR DU PRIVATE EQUITY : UNE ANNEE FASTE 2014 POUR LES VENDEURS MAIS PLUS MOROSE POUR LES ACHETEURS.
L’année 2014 est la quatrième année consécutive de flux de trésorerie positifs pour les LPs, qui ont bénéficié d’un fort niveau de cessions (cessions à des acteurs corporate, introductions en bourse, cessions à d’autres fonds). Les levées de fonds sont restées limitées dans un environnement qui reste très compétitif.
Paris, le 3 mars 2015 – Les fonds de private equity ont fortement augmenté leurs sorties d’actifs en 2014 atteignant ainsi des records à la fois en termes de volume – 15 pourcent d’augmentation – et de valeur – 67 pourcent d’augmentation – par rapport à 2013. Bain & Company, le conseil de référence des fonds de private equity révèle aujourd’hui les résultats de la nouvelle édition du « Rapport mondial annuel du secteur du private equity ». La valeur des sorties a été amplifiée par les ventes de quelques actifs très importants à de grands groupes, ainsi que de l’excellente santé du marché des introductions en bourse (IPO) pendant la première moitié de l’année. En Europe, le choix de l’introduction en bourse comme stratégie de sortie a été particulièrement plébiscité par les fonds, avec une multiplication par deux de ces opérations tant en volume qu’en valeur faisant de 2104 une année record. En Asie-Pacifique, le nombre d’introductions en bourse par des fonds de private equity a presque quintuplé pour atteindre 63 milliards de dollars.
Selon Bain, la surabondance de capital dont disposent les fonds de private equity et les autres investisseurs au niveau mondial, ainsi que l’accès à une dette abondante et bon marché, ont créé en 2014 les conditions idéales pour que les fonds de private equity vendent leurs actifs. Néanmoins, les acheteurs n’ont pas connu si bonne fortune car ils ont dû faire face à de fortes valorisations sur les marchés qui ont généré une féroce concurrence et l’inflation du prix des actifs. Le niveau des investissements au niveau mondial reste peu ou prou le même que celui de l’année dernière – avec 2 pourcent d’augmentation en volume et une baisse de 2 pourcent en valeur par rapport à 2013.
« L’année dernière a été sans aucun doute celle des sorties, ce qui a conduit les acheteurs à être plus prudents, » déclare Hugh MacArthur, responsable du pôle mondial de Private Equity de Bain et auteur du rapport. « L’augmentation de liquidités au niveau mondial et des taux d’intérêt quasi-nuls ont gonflé les valorisations des actifs et les multiples d’acquisitions sur les cibles du private equity. Atteindre des retours aussi élevés que dans le passé sera plus difficile dans le futur. »
La forte activité sur les cessions, combinée avec un environnement concurrentiel pour les deals, fait que les investisseurs (« limited partners », ou LP) ont un flux de trésorerie net positif de leurs investissements chez les GPs pour la quatrième année consécutive. C’est la première fois dans l’histoire du secteur de private equity qu’un tel déséquilibre de trésorerie entre levées de fonds et cessions dure aussi longtemps et à un tel niveau. Les investisseurs institutionnels ont continué à recycler leur capital vers les classes d’actifs les plus performantes. Compte-tenu de cette abondance de capital à investir en private equity de la part des investisseurs (LP), les levées de fonds ont été facilitées en général sur le marché et surtout pour les fonds les plus performants (« General partners », ou GP).
Les 25 dernières années ont vu une forte expansion des actifs financiers dans les bilans des investisseurs, pour atteindre 600 trillions de dollars en 2010. Les actifs financiers vont augmenter de 50 pourcent pour atteindre 900 trillions de dollars en 2020, selon le centre d’analyses macroéconomiques de Bain & Company. Les niveaux record de capital non-utilisé – ou poudre sèche – et un nombre limité d’opportunités d’investissement attractives, suggèrent que les niveaux élevés de concurrence et de prix vont continuer.
Autres points saillants du rapport private equity :
- Les investisseurs (« limited partners ») du private equity confrontés de plus en plus au capital fantôme ou shadow capital. Il s’agit d‘importants montants de capital que les investisseurs institutionnels placent au travers de co-investissements, de comptes gérés séparément et d’investissements en direct. Le risque le plus important du shadow capital n’est pas la possibilité que les LP soient en concurrence avec les GP. Le vrai risque est que cela change l’économie du secteur, avec une part plus importante du portefeuille des GP à moindre valeur ajoutée
- Les investisseurs se recentrent sur les Etats-Unis. Le centre d’analyses macroéconomiques de Bain & Company prévoit plusieurs tendances à long terme qui pourraient donner une impulsion à l‘expansion économique américaine tout au long de la décennie à venir et même au-delà. Tandis que le marché américain bénéficie d’un grand nombre d’entreprises à racheter, il s’agit aussi du marché le plus mature et le plus concurrentiel en private equity. Parmi les entreprises du marché intermédiaire ayant une valeur entre 100 et 500 millions de dollars, les analyses de Bain montrent que le nombre d’entre elles détenu par des fonds de private equity a augmenté de 8 à 23 pourcent entre 2000 et 2013, soit presque une entreprise sur quatre
- Les retours pour le secteur du private equity se réduisent, l’écart entre les fonds les plus performants et les moins performants s’est réduit pour les millésimes les plus récents des fonds. L’oscillation des retours sur un ou deux deals peut pousser un fonds à passer d’un niveau de performance supérieur à la moyenne. Les analyses de Bain montrent que ce n’est qu’au bout de la septième année dans la vie d’un fonds que les investisseurs peuvent savoir avec certitude ce qu’il générera.
En ce qui concerne le reste de l’année 2015 et les années à venir, Bain prévoit la continuation de la surabondance de capital–qui peut continuer à mettre les investisseurs de private equity à l’épreuve. A ceci s’ajoute une grande quantité de dette peu chère détenue par des investisseurs cherchant à maximiser les rendements, ce qui ajoute une pression sur les prix et garantit qu’ils resteront élevés. En parallèle, les longues périodes de détention deviendront la norme pour pouvoir préparer la sortie d’actifs achetés au prix fort en générant des retours intéressants.
« Nous sommes entrés dans un monde différent dans lequel une importante quantité de capital détenue par de nombreux acteurs a eu un effet de démocratisation sur les retours en private equity. Il est devenu plus difficile d’identifier les meilleurs fonds », dit MacArthur. « La performance passée n’est pas toujours un indicateur fiable des rendements futurs. Conséquence de cela, les fonds de private equity reviennent aux fondamentaux pour générer des retours qui dépassent la moyenne du marché. »
Bain prévoit un rebond du nombre de fonds de private equity qui cherchent des moyens de plus en plus créatifs pour identifier de nouveaux sujets d’investissement avant que le marché ne les évalue à leur prix. Les GP, en particulier, développent des méthodes de sourcing et d’origination de deals propriétaires pour préparer le terrain et tenter de gagner dans les processus d’enchères très concurrentiels et éviter de payer le prix fort.
Bain précise que, dans cette période où la valeur des actifs est toujours restée élevée, les GP ne peuvent plus compter sur le béta du marché pour augmenter leurs retours. Les GPs qui aspirent à une performance stable dans le quartile de performance supérieur devront porter encore plus d’attention à leurs thèses d’investissement, les valider avec des due diligence de bon niveau sur les actifs qu’ils visent, et mettre en place un processus de création de valeur répétable et systématique pour chaque entreprise de leur portefeuille.
Focus France
En France, l’année 2014 a été marquée pour une activité de levée de fonds qui a légèrement augmenté soulignant la confiance des investisseurs. La tendance de consolidation du marché français se poursuit. Bain prévoit que cette tendance va se poursuivre pour les années à venir, et pourrait même dépasser la vitesse de consolidation du marché anglais. La quantité de poudre sèche pour les fonds de private equity en France est assez importante mais le marché reste difficile ce qui rend compliqué l’investissement : 50 pourcent des actifs acquis en 2006/2007 sont toujours dans les portefeuilles.
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