Press release
Paris, le 24 février 2020 – Malgré des préoccupations grandissantes liées à la détérioration des conditions macroéconomiques et à la menace d'une récession imminente, le marché mondial du Private Equity a montré des signes de grande résilience en 2019, concluant les six meilleures dernières années de l'histoire du secteur, atteignant 3 200 milliards de dollars en valeur de deals d’acquisition déclarés. Les fonds de buy-out ont levé des montants record à 361 milliards de dollars et ont augmenté leur poids dans les capitaux levés à 40 % du total, soit le plus haut niveau jamais atteint depuis 2006. Toutefois, les défis pour les General Partners (GPs) se sont multipliés.
Les capitaux ont continué à affluer dans le secteur, pour atteindre un nouveau record de 2 500 milliards de dollars pour les capitaux privés et de 830 milliards de dollars pour le seul marché du buy-out. L’intensité concurrentielle du marché a continué à faire exploser la valorisation des actifs. Alors que les GPs tentent d'élargir leur terrain de chasse, ils se tournent de plus en plus vers les marchés cotés ou les co-investissements. Ces nouvelles dynamiques impliquent également que les fonds de private equity doivent développer de nouvelles capacités et trouver de nouvellessources de création de valeur au-delà de la croissance des multiples.
Dans cet environnement très concurrentiel, les meilleurs investisseurs se détachent par leur capacité à élever leur niveau de jeu de différentes façons : certains parviennent à déceler des opportunités dans des secteurs très regardés, comme les nouvelles technologies et les paiements, en se concentrant sur les zones de croissance durable qui présentent des fondamentaux solides, quand d'autres s'ouvrent aux critères ESG (environnement, social, gouvernance) pour améliorer leurs rendements tout en améliorant leur impact. Un autre dénominateur commun parmi les fonds qui tirent leur épingle du jeu : ceux-ci s’assurent également d’être en mesure d’anticiper les ruptures à venir et de capter les opportunités disruptives en intégrant de nouvelles analyses dès l’exercice de due diligence.
Telles sont les conclusions de Bain & Company, le leader mondial du conseil aux investisseurs du Private Equity dans ce 11ème rapport mondial, présenté aujourd’hui au SuperReturn International.
« Les firmes de private equity ont connu une autre année solide, mais elles ont dû plus que jamais redoubler d’efforts pour que leurs transactions soient couronnées de succès », a déclaré Jean-Marc Le Roux, responsable de l’activité Private Equity pour Bain & Company en France. « Nos recherches mettent en évidence un tournant majeur sur le marché du buy-out : pour la première fois, les taux de retour sur 10 ans du coté et du non coté ont convergé en 2019 aux Etats-Unis. Cela soulève des questions sur la façon dont le Private Equity peut se démarquer et rester attractif à l'avenir pour les LPs outre-atlantique. »
Chiffres clés pour le marché du Private Equity en 2019
Malgré des incertitudes macroéconomiques et géopolitiques croissantes, l’industrie du Private Equity au niveau mondial n’a pas faibli en 2019.
Les firmes de PE ont continué à conclure des deals, trouver des sorties et lever des capitaux record, encouragées par l'enthousiasme des LPs (Limited Partners).
Selon les analyses de Bain, la valeur des deals a renoué l'an dernier avec les moyennes historiques du secteur, à 551 milliards de dollars, et ce malgré des valorisations record et une concurrence intense qui ont limité le nombre de méga-transactions. En volume, le nombre de deals est resté stable à environ 3 600.
Le marché des retraits de cote (public-to-private ou P2P) a continué à croître pour atteindre en 2019 son plus haut niveau depuis 2007. Pour preuve, 8 des 10 plus gros rachats en 2019 ont porté sur des entreprises sorties de la cote.
Les co-investissements avec des LPs ont atteint une valeur record, poussés par l'attrait des investisseurs institutionnels pour le Private Equity et permettant aux GP de renforcer leurs relations.
L’an passé, la forte concurrence et les prix élevés qui avaient compliqué la signature de deals avaient rendu l’année particulièrement propice aux sorties. Cette tendance a persisté en 2019, couronnant une période de six ans record en distribution de dividendes pour les investisseurs. La valeur dessorties a très légèrement baissé pour atteindre 405 milliards de dollars, mais en volume, le nombre de sorties est tombé à 1 078, son plus bas niveau depuis 2012. La durée de détention des portefeuilles est également revenue à des niveaux post-récession plus sains, qui sont tombés à 4,3 ans en 2019, bien en dessous des 6 ans de 2014. Tous ceux qui détenaient un bon actif l'ont probablement vendu, en partie en raison des prix élevés et en prévision d'une récession, qui pourrait compliquer la vente.
Alors que les investissements et les sorties ont atteint un plateau, les levées de fonds de buy-out ont culminé en 2019, mais avec moins de fonds. Les investisseurs ont alloué 894 milliards de dollars de capitaux privés dans le Private Equity, l'immobilier, les infrastructures et les ressources naturelles. À elle seule, la classe d'actifs de buy-out a capté 361 milliards de dollars - le montant le plus élevé jamais enregistré - et a porté sa part à 40% du total des capitaux privés levés, soit le plus haut niveau jamais atteint depuis 2006.
« En ce qui concerne les levées, une dynamique de « winner takes all » s'est installée, car nous avons pu observer cette année qu’une plus grande part des capitaux levés est concentrée autour d’un petit nombre d’acteurs », observe Jérôme Brunet, Associé membre de la Practice Private Equity chez Bain & Company. « Les fonds de buy-out dotés de solides antécédents, d’une stratégie sectorielle claire et d’une histoire de création de valeur distinctive se sont révélés être les options les plus attractives pour les LP. »
Le private equity peut-il encore trouver des opportunités dans la tech ?
En cette période de fin de cycle, de plus en plus d’entreprises se tournent vers le secteur technologique et son dynamisme - des sociétés établies depuis longtemps qui affichent des marges élevées et des bénéfices réguliers, ainsi qu'une nouvelle génération attractive de sociétés de logiciels et de services basés sur le cloud – tout en se posant la même question : une bulle est-elle sur le point d'éclater dans la tech ?
Aussi séduisants que puissent être les ressorts de la croissance du secteur technologique, les signaux d'alarme sont aujourd’hui difficiles à ignorer. Malgré tout, Bain & Company estime qu’il reste des opportunités à saisir pour les fonds de Private Equity dans le secteur de la tech.
Le PE a tendance à éviter les secteurs technologiques les plus en vue pour privilégier les acteurs du logiciel d'entreprise, plus résilientes en cas de récession. Ces entreprises affichent une forte croissance de leurs revenus et des fondamentaux solides, car elles répondent à la demande de transformation digitale rapide de clients qui souhaitent rester compétitifs.
Par ailleurs, le secteur présente de faibles niveaux de dépréciation du capital car les logiciels d'entreprise sont essentiels à la mission de l'entreprise et difficiles à déloger une fois installés. Et, surtout, le nombre d'opportunités est en augmentation. Une vague d'innovations autour des technologies de l'informatique dématérialisée et de la téléphonie mobile a élargi la réserve de cibles prêtes pour le Private Equity, à mesure que les entreprises arrivent à maturité.
L'investissement à impact
Avec l’impact grandissant des questions sociales et environnementales sur le comportement des consommateurs et l’environnement des affaires, de plus en plus d'investisseurs s'engagent à respecter les principes ESG, en particulier du aux preuves de plus en plus nombreuses qu’ils peuvent ainsi améliorer leurs rendements et réduire leurs risques.
"Les GPs ne peuvent plus se passer d'une stratégie ESG clairement définie", observe Daphné Vattier, Associée membre de la Practice Private Equity chez Bain & Company. "L'investissement à impact a le potentiel de changer la donne. La question est de savoir si les fonds peuvent afficher une bonne performance tout en ayant un impact positif. S’il est encore tôt pour avoir le recul nécessaire, on observe aujourd’hui un alignement de la technologie et du changement des mentalités, qui joue en faveur de l’idée que l’investissement à impact améliorera les rendements".
Le disruption de la due diligence
L’industrie du Private Equity a toujours été animée par la nécessité de garder une longueur d’avance. Si cet impératif est toujours d’actualité, la donne a changé sous l’effet des nouvelles technologies et de l’innovation qui bouleversent tous les secteurs d’activités avec une vitesse et une amplitude sans précédents. Il existe néanmoins aujourd’hui des moyens structurés et pratiques d’anticiper au mieux l’avenir, et qui permettent aux firmes de PE de modéliser et d'évaluer rationnellement les risques et les opportunités découlant de ces disruptions.
Pour chaque opération, il s’avère rentable de profiter d’une due diligence pour évaluer les origines de l'innovation. Les fonds les plus performants parviennent à analyser les disruptions potentielles dans des projections à 10 ou 20 ans, avec une approche prospective de type « future-back ».
Pour les investisseurs en PE dont les cycles d'investissement sont courts (de 3 à 5 ans), il est essentiel de pouvoir déterminer quand une tendance ou une technologie pourra atteindre un point d’inflexion. Une nouvelle source de disruption deviendra-t-elle pertinente pendant la période de détention ? Ou se profilera-t-elle à l'horizon à la sortie, soulevant des questions sur la pérennité de l'entreprise ?
Coté vs non coté : le Private Equity perdrait-il son avantage ?
Au cours de la décennie écoulée, les investisseurs ont versé plus de 2 000 milliards de dollars dans des fonds de buy-out pour une raison simple : ils tiennent leurs promesses.
Toutefois, depuis 2009, à la sortie de la pire récession depuis des générations, les rendements actions ont égalé ceux du buy-out aux Etats-Unis, à environ 15 % - ce qui n'est pas le résultat auquel s'attendent la plupart des investisseurs en capital-investissement.
En collaboration avec le professeur Josh Lerner de la Harvard Business School, ainsi qu'avec State Street Global Markets et State Street Private Equity Index, Bain & Company a analysé les facteurs qui ont soustendu les rendements sur ces deux marchés. Si les résultats n’ont trouvé que peu d'éléments suggérant que la concurrence des marchés cotés était susceptible de persister, cela ne doit pas inviter les acteurs du Private Equity à relâcher leurs efforts.
Le 11ème rapport annuel de Bain sur le Private Equity décrypte les stratégies des meilleurs investisseurs dans cet environnement très concurrentiel. S’il n’existe évidemment pas de solution miracle, un dénominateur commun est apparu : la focalisation. Les acteurs les plus performantstendent à se répartir en quatre grandes catégories :
- Les spécialistes sectoriels : ces acteurs s’emploient à en savoir plus sur un secteur donné que n'importe qui d'autre, et sont devenus tellement spécialisés dans ce secteur qu’ils peuvent en évaluer les risques et les opportunités mieux que n’importe quel concurrent.
- Les chasseurs ciblés : comme les spécialistes sectoriels, ces acteurs ciblent un point d'attraction avec une approche d'investissement répétable, mais ils ne se limitent pas à un seul secteur. Au contraire, ils peuvent se concentrer sur un secteur géographique plus étroit ou s'en tenir à leur principale catégorie d'actifs de rachat. L'essentiel est qu'ils connaissent exactement le type de risques auxquels ils souscrivent dans un deal et savent parfaitement comment les gérer en conséquence.
- Les fonds à mode opératoire différencié : ces fonds savent, en identifiant des schémas connus, quels types d'entreprises ils peuvent améliorer et comment. Ils disposent d’une méthodologie bien définie qui fonctionne sur des entreprises présentant certaines caractéristiques et, en le gérant avec une grande précision, ils créent une valeur significative lors de la détention.
- Les « scale managers » à l’expertise élargie : ces fonds capitalisent sur leur taille et leur spectre d’activités. Ils se distinguent par le fait qu'ils peuvent apporter des ressources considérables à tout ce dans quoi ils investissent et qu'ils réalisent souvent les transactions les plus importantes et les plus complexes.
Les acteurs les plus focalisés sont plus performants et le seront systématiquement parce que leur adhésion à une formule apporte plus de relief à toutes les phases du cycle de création de valeur. Ils sont plus performants dans la recherche de deals car ils se fondent sur une compréhension approfondie de ce qu'ils recherchent et de l'endroit où ils peuvent le trouver. L'impératif est de développer l'expertise à la fois en interne et en s'appuyant sur des partenaires et des écosystèmes extérieurs si nécessaire. Le principal enseignement à tirer de cette période de convergence est que ceux qui ne font pas partie de ces types d’acteurs verront probablement leurs capacités à lever des fonds se réduire.
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Pour obtenir une copie de l’intégralité de la onzième édition du rapport mondial de Bain & Company, cliquez ici.
Pour programmer une interview avec Jean-Marc Le Roux, Daphné Vattier ou Jérôme Brunet, veuillez contacter :
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Florence Coupry
Margot Minet
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A propos de l’expertise de Bain & Company en Private Equity
Bain & Company est le leader du conseil aux fonds d’investissement. L’activité de Bain & Company en Private Equity a plus que décuplé depuis 1997 et représente un quart de son activité totale. Bain s’appuie sur une équipe spécialisée de plus de mille professionnels dans le monde. Le pôle Private Equity de Bain & Company est plus de trois fois plus gros en taille que celui de ses principaux concurrents. Au-delà des fonds de LBOs, Bain travaille avec des fonds de différents types : opérations de LBO, infrastructures, immobilier, de dette et des hedge funds. Il travaille également avec de nombreux investisseurs de poids tels que les fonds souverains, les fonds de pension, les institutions financières et les family offices. Pour répondre aux besoins de nos clients, nos services offrent outre les due diligences, la génération d’opérations, le support post-acquisition, le processus de création de valeur, les processus de sortie ainsi que les stratégies opérationnelles et stratégies de portefeuille.
À propos de Bain & Company
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