We have French content available. View French site.

L'Opinion

« En France, la rémunération est moins souvent l'objectif numéro un du travail » par John Hazan, Associé chez Bain & Company

« En France, la rémunération est moins souvent l'objectif numéro un du travail » par John Hazan, Associé chez Bain & Company

QUE RECHERCHENT LES SALARIÉS DANS LE TRAVAIL ? JOHN HAZAN, ASSOCIÉ CHEZ BAIN & COMPANY, CHARGÉ DE LA SOLUTION TALENTS, ANALYSE LES RÉSULTATS D'UNE ÉTUDE MENÉE PAR SON CABINET.

  • 20 janvier 2022
  • min

L'Opinion

« En France, la rémunération est moins souvent l'objectif numéro un du travail » par John Hazan, Associé chez Bain & Company

Pourquoi avoir lancé une telle étude ?

Elle a été décidée au début de l'apparition de la Covid-19, nous l'avions en tête auparavant, mais la crise a joué le rôle d'accélérateur. Elle mêle un sondage auprès de 20 000 personnes dans dix pays et des statistiques qui portent sur le temps long, une centaine d'années. Le premier enseignement notable : la rémunération comme motivation du travail est en recul. Le deuxième : on passe moins d'heures au travail dans la semaine et les journées de travail des CSP+ sont les plus longues, ce qui constitue une inversion de tendance par rapport au passé.

Vous pointez le déclin relatif du fait religieux. Quel est son rôle ?

Le temps consacré à la pratique religieuse est moins important qu'autrefois. Les recherches de sens et de lien social deviennent prééminentes en entreprise. L'idée de contribuer au bien commun et à l'accomplissement personnel par le travail gagne du terrain. L'entreprise n'est pas seulement un endroit où l'on va travailler machinalement le matin.

Qu'est-ce qui en fait le ciment ?

C'est une raison d'être partagée. Les salariés ont le souhait que leur entreprise contribue positivement aux questions d'environnement, aux sujets de société et au développement de chacun, en plus de la bonne performance économique. Avoir un contrat durable (CDI) ou faire partie d'un écosystème valorisant nourrissent le sentiment d'appartenance. Nous constatons que pour la gig economy, l'économie des petits boulots et des plateformes, ce sentiment d'appartenance existe également, mais son niveau est nettement plus faible et nécessite d'être développé à l'avenir.

Vous faites apparaître six archétypes caractérisant la relation avec le travail.

Les operators sont ceux qui placent la quête de sens en dehors du travail. Il ne s'agit pas exclusivement de cols bleus. En France, par exemple, ils représentent 27 % des actifs, diversement répartis (un tiers des employés de bureau, 29 % des ouvriers et 22 % des professions intellectuelles). Les givers ont besoin de donner d'euxmêmes dans les métiers de services, de santé, d'éducation, humanitaires… ; les artisans peuvent l'être au sens premier du terme, ou au sens de la maîtrise d'une expertise intellectuelle ou scientifique. Les explorers sont des explorateurs qui valorisent les expériences variées et nombreuses, ils changent de métier, de pays… Les strivers sont des profils plus classiques, très investis dans leur travail, à la recherche d'un statut et d'une réussite professionnelle. Et les pioneers, comme leur nom l'indique, veulent changer le monde. Il y a plus d'Elon Musk potentiels au Nigeria (23 %) et en Inde (19 %), pays en développement dans lesquels il y a des aspirations fortes, qu'en France (7 %) ou aux Etats-Unis (9 %). D'ailleurs, on constate que, dans les pays développés, les archétypes se répartissent de manière similaire.

 

Lire la suite de l'Interview sur L'Opinion