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Tech Trends : 6 enseignements tirés de notre écosystème digital pour traverser la crise sanitaire et préparer l’après

Tech Trends : 6 enseignements tirés de notre écosystème digital pour traverser la crise sanitaire et préparer l’après

Truc Mai Dupont Vohong, Directeur des partenariats digitaux et technologiques, du Business Développement et des initiatives Design chez Bain pour la région EMEA, décrypte les enseignements tirés de notre écosystème digital pour traverser la crise sanitaire et préparer l’après.

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Tech Trends : 6 enseignements tirés de notre écosystème digital pour traverser la crise sanitaire et préparer l’après
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En Bref

Au-delà d’un choc économique et social sans précédent, la crise du Covid-19 a agi à la fois comme un puissant accélérateur des transformations latentes dans les grands groupes en termes de digitalisation, d’innovation et de nouvelles façons de travailler, et comme un révélateur des forces et faiblesses de l’écosystème digital et tech, certaines start-ups connaissant un boom d’activité quand d’autres doivent se battre pour leur survie. Dans ce contexte inédit, les entreprises doivent jouer leur partition sur deux registres d’action avec l’approche que nous appelons chez Bain Act Now/Plan Now. Le premier, "Act Now", vise à protéger les salariés et à remettre l'entreprise en ordre de marche. Le second, "Plan now", a pour but de déterminer les actions défensives et offensives à engager, ainsi que les nouveaux outils ou méthodes de travail à adopter, pour faire en sorte que l’entreprise ressorte plus forte de la crise et saisisse ses opportunités de marché.

Grâce à nos liens privilégiés et échanges réguliers avec les 130 startups et VCs membres de notre écosystème digital et tech, et à notre accompagnement de nombreux grands groupes dans la définition de leur stratégie face à cette crise, nous avons pu dégager 6 tendances digitales ou technologiques qui ont émergé ou se sont renforcées pour gérer cette crise, et qui sont appelées à perdurer pour préparer le monde d’après. Celles-ci sont portées par 6 start-ups membres de notre écosystème qui se positionnent sur des sujets clés de l’approche stratégique Act Now/Plan Now, sont soutenues par des investisseurs et/ou ne brûlent plus de cash, et disposent enfin d’une base client solide. 

Act Now : protéger les salariés et assurer le maintien de l’activité 

1.    Utiliser la reconnaissance faciale pour garantir le bon respect des gestes barrières

Dès le début de la crise sanitaire, Cédric O, Secrétaire d’Etat au numérique a appelé la French Tech à se mobiliser contre le COVID. Beaucoup ont répondu à l’appel, comme Datakalab.

Créée en 2017, cette startup de la Brain Tech utilise la computer vision pour analyser les émotions des consommateurs. Dans le cadre de la crise sanitaire, Datakalab a développé une technologie de détection de masques dans l’espace public en traitant les images en temps réel des caméras. Conforme au RGPD, la solution permet d’obtenir le nombre exact et le pourcentage d’individus portant un masque. Les agents des municipalités peuvent suivre l’évolution du respect des gestes barrières grâce à un tableau de bord, et recevoir des alertes en temps réel par SMS. Déployée depuis avril sur 3 marchés et dans les bus de la ville de Cannes, une phase de test a été lancée début mai à la Gare de Châtelet-les Halles à Paris pour assurer la protection de plus de 33 millions d’usagers.

2. S’appuyer sur un stratège en planification agile pour redéployer rapidement sa main-d’œuvre

La continuité de l’activité nécessite une adaptation rapide et agile de la stratégie de planification de la main d’œuvre afin assurer un redéploiement efficace des forces vives là où le besoin est le plus critique.

Créée en 2015, la start-up Andjaro offre une plateforme de gestion et d’optimisation en temps réel du transfert ponctuel des collaborateurs entre les différents sites d’une organisation. Sélectionnée par le gouvernement pour le Plan de Continuité de l’Activité, la start-up - qui répond à un enjeu RH critique en temps de crise - a levé 13,4 millions d’euros durant le confinement, portant son financement total à 19,4M d’euros. Depuis le début de la crise, Andjaro a développé un kit de déploiement express en 2 semaines de sa solution. La startup accompagne également des acteurs de la restauration collective, en calculant le temps de trajet et le détachement idéal des salariés volontaires dont les sites sont à l’arrêt vers les sites sous-tensions, comme les restaurants d’hôpitaux. La solution permettant la mobilisation et le déploiement rapide de volontaires est une force pour limiter le chômage partiel.

3.    Piloter l’activité en temps réel, les yeux rivés sur la data

En cette période d’incertitudes, la prise en main efficace de la data devient clé pour le pilotage et le maintien de l’activité. Il apparaît primordial de disposer rapidement de data actionnable, qui garantisse une circulation fluide de l’information à tous les échelons de l’entreprise et une prise de décision accélérée et de meilleure qualité.

Spécialisée dans le data story-telling la solution de Toucan Toco transforme rapidement des données brutes et disparates en des tableaux de bord de visualisation de données interactifs et facilement compréhensibles. La start-up, qui a levé un total de 12 millions d’euros depuis sa création en 2014, a conçu dans le cadre de la crise sanitaire une carte interactive permettant de suivre la propagation du virus par régions en France. La solution permet d’analyser et de suivre la performance opérationnelle des organisations sous différents aspects, pouvant faire office d’outil de suivi de performance de vente ou encore d’outil de suivi de l’évolution de la trésorerie, un enjeu clé notamment dans le cadre du chômage partiel. Toucan Toco a accompagné de nombreuses entreprises qui, dès le début du confinement, ont voulu utiliser cette solution pour créer un outil de pilotage de sa stratégie RH en temps réel. L’outil leur permet de facilement partager et manipuler la donnée à différents niveaux de granularité (région, pays, etc.) et de suivre de nombreux indicateurs RH comme le taux d’activité partiel ou encore la masse salariale sur le mois.

Plan Now : se préparer à la reprise

4.    Faire passer à sa chaîne d’approvisionnement le crash test de l’IA

Pour se préparer au monde d’après, les entreprises devront augmenter leur résilience opérationnelle ; en particulier en matière de chaîne d’approvisionnement. L’intelligence artificielle fait partie des forces sur lesquelles compter pour une supply chain plus agile et donc plus résistante aux incertitudes et aux chocs externes.

La start-up Vekia s'appuie sur le Machine Learning pour prévoir la demande et optimiser la gestion des stocks et du réapprovisionnement. Fondée en 2008, cette start-up mature qui a levé 14,4 millions d’euros depuis sa création, est dotée d’une base client solide et est soutenue par des investisseurs loyaux, notamment Caphorn Invest qui a répondu présent à chaque série de levée de fonds. Grâce à des algorithmes capables de se reconfigurer tous les jours, Vekia a permis à un opérateur télécom de garder visibilité et contrôle sur sa supply chain et de rapidement s’ajuster au confinement. En l’espace de quelques jours et avec l’aide d’experts Vekia, les algorithmes ont pu s’appuyer sur de nouveaux fondamentaux de prédiction prenant en compte le contexte sanitaire afin de générer de nouvelles prédictions d’approvisionnement en matériaux pour l’opérateur, pendant la crise.  

5.    Comprendre et s’adapter plus rapidement aux bouleversements des habitudes de consommation

La crise sanitaire a provoqué un bouleversement rapide et indéniable des profils et modes de consommation, dont certaines habitudes s’inscriront vraisemblablement dans la durée. Pour s’en assurer et y répondre au mieux, il sera primordial de rester à l’écoute de la voix du consommateur afin d’élaborer une stratégie adaptée à ces nouveaux comportements et à ces nouvelles manières de consommer.

Créée en 2014, Potloc s’appuie sur les réseaux sociaux pour réinventer les études consommateurs. De par sa capacité à cibler divers profils de répondants en se basant sur divers critères sociodémographiques ou leurs centres d’intérêts, dans un scope géographique allant d’un point de vente à un pays entier sur des sujets B2B et B2C, Potloc est un allié de choix dans le suivi attentif et rapide des évolutions des habitudes et des profils de consommation. Cette start-up franco-canadienne en pleine croissance qui a levé un total de 10,8 millions d’euros, s’est mobilisée pendant la crise en menant une étude sur 766 professionnels de santé afin de mieux comprendre comment ils vivaient la situation et quelles étaient leurs attentes pour les mois et les années à venir.

6.    Réinventer la formation professionnelle pour le monde d’après 

Le confinement a propulsé de nombreuses EdTech sous les feux des projecteurs et accéléré la croissance du secteur de plusieurs années. Avec les entreprises technologiques ou industrielles toujours plus nombreuses qui décident de faire du télétravail la norme et non l’exception, et l’accélération de leur transformation digitale à marche forcée, la nécessité de développer rapidement de nouvelles compétences et de moderniser la formation professionnelle s’impose pour s’adapter au mieux aux nouveaux modes de travail du monde d’après.

Créée en 2010, la start-up 360Learning, qui a déjà levé plus de 40 millions d’euros et compte plus de 1 200 clients, édite une plateforme en ligne de création et diffusion de MOOC (Massive Open Online Course) à destination des entreprises et organismes de formation, tout en mettant l’accent sur le partage de connaissances entre collaborateurs. La start-up qui a enregistré une hausse de 400% des inscriptions à son offre gratuite depuis le début de confinement, s’est mobilisée pour l’APHP en déployant en moins d’une semaine un module de formation en ligne à destination du personnel soignant sur l’accueil de patients atteint du Covid-19. L’objectif est de former plus de 10 000 personnes via ce module en ligne.

Et après ?

Au-delà de l’adaptation et du réajustement des stratégies et modèles opérationnels des entreprises à l’échelle individuelle, la crise provoque une transition dans la relation entre les start-ups et les grands groupes sollicitant leurs produits ou services. Bien qu’essentielle dans un contexte de transformation digitale des entreprises, nous observons que cette relation est en train de basculer d’un modèle « One to Many » à un modèle intégré, privilégiant le recours à un nombre restreint de partenaires de confiance pour le « sourcing » des besoins en innovation des grands groupes. Il est donc aujourd’hui encore plus critique qu’hier pour les start-ups d’être spécialisées dans des sujets « core business » et de savoir rapidement passer à l’échelle les projets pour un déploiement rapide et efficace des solutions. En d’autres termes, elles devront désormais penser en POV et non en POC.

Pour les start-ups innovantes de la sphère digitale et technologique, le monde se partage aujourd’hui en 3 catégories :

  • Les start-up sous perfusion, dont le sort, - conditionné par une reprise économique rapide – est entre les mains des aides publiques et financements : ces start-ups les plus vulnérables face à la crise du Covid-19 sont généralement spécialisées dans des activités directement et profondément impactées par les mesures de confinement et de sécurité sanitaire (tourisme) ou dans des activités qui ne peuvent être maintenues à distance (prestations à domicile, ménage, cours en présentiel, etc.) On retrouve également dans cette première cohorte les très jeunes pousses avec peu d’ancienneté, une base client encore fragile, qui consomment beaucoup de cash et qui ne sont pas encore soutenues par des investisseurs.
  • Les « survivors », spécialisées dans des sujets clés à la préparation de la reprise ou fournissant des outils essentiels pour faire face au monde d’après (notre fameux « Plan Now »). Elles opèrent sur des modèles digitaux permettant la poursuite de leur activité à distance. Elles brûlent généralement moins de cash et peuvent toujours compter sur leurs investisseurs auprès desquels elles ont déjà levé des fonds pour les soutenir. Par ailleurs, dotées d’une base clients solide, elles peuvent compter sur des contrats moyen long terme de plus d’un an, signés avant le début de la crise.
  • Les opportunistes, qui connaissent un réel boom de leur activité depuis le début de la crise. La nature de l’activité de ces start-ups est généralement critique pour assurer la protection et le maintien de l’activité aujourd’hui (ce que nous appelons « Act Now ») comme c’est le cas pour les « digital workplace », la cyber-sécurité dans le cadre du télétravail, ou encore les solutions de redéploiement de main-d’œuvre pour assurer la continuité de l’activité. Ces startups ne brûlent généralement plus de cash et ont récemment levé des fonds, certaines y sont même parvenues durant la crise.

Quoi qu’il arrive, et selon ce qui nous attendra dans ce monde d’après, cette crise qui a tant bousculé nos façons d’opérer, représente une opportunité inédite pour se réinventer et repenser un monde où l’entreprise digitalisée devient la norme.

Pour en savoir plus sur l'écosystème digital et technologique de Bain : Bain Digital Ecosystem

Pour en savoir plus sur notre méthodologie : Act Now/Plan Now

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