En Bref
- Tendance 1 : La RSE, sous les feux de la rampe depuis la crise est un enjeu incontournable du monde d’après pour lequel des actions et résultats concrets sont attendus
- Tendance 2 : Replacer les enjeux RSE au cœur des missions de l’entreprise et assurer un suivi rigoureux de celles-ci sera critique pour réinventer un monde responsable et durable
- Tendance 3 : Les jeunes pousses, indispensables dans la transition vers un monde respectueux des enjeux sociaux et environnementaux
La crise du Covid-19 a indéniablement bouleversé le monde dans lequel nous vivons. Crise sanitaire et choc économique d’une magnitude sans précédent, la crise du COVID-19 représente également une opportunité inédite de rebattre les cartes et réinventer un monde où l’impact socio-environnemental devient un sujet essentiel de l’ère d’après. Grâce aux liens privilégiés et échanges réguliers que nous entretenons chez Bain & Company avec les 130 startups et VCs membres de notre Bain Digital Ecosystem, et à la lumière de notre accompagnement de nombreux grands groupes dans la définition de leur stratégie face à cette crise, nous avons identifié des transformations clés du monde de l’innovation provoquées par la crise du COVID-19, dont cet article se veut le cinquième et dernier épisode de notre série estivale « Les tech trends du monde d’après » : quels sont les 3 enseignements clés pour la réinvention d’un monde plus respectueux des enjeux RSE dans le contexte de la crise du COVID-19 ?
Merci aux startups Goshaba, Lizee et Phenix pour leurs témoignages !
Tendance 1 : La RSE, sous les feux de la rampe depuis la crise est un enjeu incontournable du monde d’après pour lequel des actions et résultats concrets sont attendus
La crise du COVID-19 a propulsé les enjeux RSE sous les feux de la rampe. Avec « 85% des français estimant que l’entreprise a un rôle important à jouer dans la construction d’une société meilleure après crise » d’après l’étude IFOP d’avril 2020 , la RSE sera vraisemblablement un sujet incontournable de l’ère post-COVID. Goshaba, solution de recrutement visant à réduire les biais à l’embauche nous confie :
"Le fait que ce soit une crise qui nous touche physiquement a ramené sur le devant de la scène des problématiques et des angoisses préexistantes, notamment sur le changement climatique ou encore les injustices sociales. Cette crise, qui nous a contraint de changer notre mode de vie, a ramené toutes ces problématiques sur le devant de la scène. Plus concrètement, toutes les visios que nous avons faites avec nos clients et partenaires, dans 80% des cas, traitaient de l’opportunité que représente la crise pour créer un impact positif sur la société, ce qui est inhabituel", Goshaba
Ainsi, les entreprises devront sérieusement réfléchir à leur impact socio-environnemental et miser sur une plus grande transparence en ce qui concerne leurs actions RSE, les consommateurs détectant désormais bien mieux les tentatives de « green-washing ». Comme le souligne le co-président de Tech For Good France et cofondateur de Phenix, startup spécialisée dans la lutte contre le gaspillage alimentaire :
"Les entreprises ne peuvent plus avoir deux visages. Si une entreprise a une grosse communication “green-washing” mais qu’il y a de trop grosses dissonances entre ce qui est communiqué et ce qui est fait, c’est un réel problème. La transparence est importante car l’entreprise doit aligner ses pratiques RH, ses pratiques d’insertion ou encore ses pratiques environnementales avec sa communication. C’est une demande des consommateurs", Phenix
Pour démontrer leur bonne foi, les entreprises peuvent par exemple tenter d’obtenir des certifications comme B-Corp, conçue pour fournir une évaluation globale de l’impact social et environnemental des entreprises et qui distingue les entreprises ayant atteint des objectifs sociaux et environnementaux extrêmement strictes. Par ailleurs, au-delà d’une adaptation aux attentes grandissantes des consommateurs en terme de RSE, une politique socio-environnementale caractérisée par des actions concrètes et transparentes joue un rôle crucial dans la guerre pour les jeunes talents. En effet, dans le contexte de la crise, 79% des actifs « millenials » considèrent la RSE comme un critère majeur de leurs recherches d’emploi.
"Nous avons constaté que certains candidats préfèrent refuser certaines offres et attendre des propositions d'entreprises plus alignées avec leurs valeurs. Les jeunes générations se posent des questions existentielles au sujet du « mission statement » de l'entreprise dans laquelle ils souhaitent travailler", Goshaba
Tendance 2 : Replacer les enjeux RSE au cœur des missions de l’entreprise et assurer un suivi rigoureux de celles-ci sera critique pour réinventer un monde responsable et durable
La crise du COVID-19 représente une opportunité inédite pour réinventer un monde où l’impact socio-environnemental devient un élément essentiel de la stratégie et des missions des organisations. Les nombreuses entreprises ayant lancé des initiatives de soutien dans le cadre de la crise en produisant des masques ou encore des gels hydroalcooliques, ont fait preuve de solidarité en plaçant l’impact social au cœur de leur processus de décisions. Pour assurer la continuité de cet élan vers un monde plus responsable et solidaire à l’ère post-COVID, les hautes directions d’entreprises auront un rôle crucial à jouer. Les dirigeants et comités de direction ont le pouvoir d’agir en réel catalyseur de transformation. Comme nous le confie Goshaba :
"Dans les grandes entreprises, un leader fort et charismatique avec une réelle volonté de faire changer les choses et de tendre vers une organisation soucieuse des enjeux sociaux et environnementaux a un impact extrêmement fort", Goshaba
Ainsi, il sera crucial de replacer les enjeux RSE au cœur de la stratégie des organisations. Par ailleurs, il sera essentiel de faire ruisseler ces enjeux à toutes les strates de l’entreprise, afin de garantir l’alignement des activités avec une vision commune des missions de l’organisation vis-à-vis de la société. Comme nous le confie à nouveau Goshaba :
"Nos décisions d’entreprise, que ce soit une décision financière, une décision produit ou une décision commerciale, sont toutes alignées avec notre objectif premier qui est de recruter de manière plus juste. Il est primordial d’avoir une vision claire et un objectif précis, incluant les impacts social et environnemental et dans lesquels toutes les forces vives se sentent réellement impliquées", Goshaba
Cependant, il reste néanmoins nécessaire de trouver un équilibre entre l’idéal et le possible. Bien que de plus en plus d’entreprises se penchent avec attention sur des sujets relevant de la RSE, un basculement du jour au lendemain vers des modèles totalement respectueux des enjeux sociaux et environnementaux est très peu probable. La transition ne se fera que de manière progressive. Ainsi, effectuer un réel état des lieux de l’impact social et environnemental des activités de l’entreprise et clairement mesurer les résultats des initiatives RSE passées, sera crucial dans la transformation continue et concrète des organisations en acteurs responsables. Comme nous le confie Lizee, startup de l’économie circulaire offrant une solution permettant aux revendeurs de proposer leurs produits en location plutôt qu’à la vente :
"Il y a très peu d’entreprises qui n’ont aucun impact sur l’environnement. Faire des rapports RSE pour voir clairement ce qui est fait et ce qu’il reste à faire en terme de RSE, mais également établir une feuille de route RSE qui dure au fil des années et s’y tenir est très important. Sans “tracker” on ne peut réellement transformer", Lizee
Tendance 3 : Les jeunes pousses, indispensables dans la transition vers un monde respectueux des enjeux sociaux et environnementaux
Les jeunes pousses, ont un rôle clé à jouer dans la réinvention d’un monde d’après durable et responsable. La naissance de communautés comme Tech for Good France, ayant pour objectif de fédérer startups, incubateurs et investisseurs dans le but de « créer la société durable de demain », témoigne du rôle critique du paysage de l’innovation quant à l’évangélisation de solutions technologiques promouvant un monde plus respectueux des enjeux RSE. Cependant, pour réellement transformer à grande échelle les corporates en des organisations responsables, ces startups devront aller au-delà de l’argument RSE et miser sur une démonstration solide de la rentabilité de ces nouvelles solutions responsables. Comme nous le confie Lizee :
"L’enjeux RSE est très important mais il ne faut jamais le décolérer de l’impact business. Lorsque l'on parle de transformation de business model, il est essentiel de mettre en avant le potentiel de rentabilité d’une solution, sinon les organisations ne mettront jamais de ticket pour la tester. Les grands groupes investiront très rarement à perte. Nous prouvons aux marques que notre solution est rentable, capable d’attirer un public plus jeune ou encore de collecter de la data sur les produits", Lizee
Goshaba va également en ce sens et nous confie :
"Goshaba fait du recrutement éthique et socialement juste mais ce n’est pas notre principal argument de vente. Les entreprises viennent nous voir pour un processus de recrutement plus efficace et moins couteux. Par contre avec la crise, l’impact social positif de Goshaba est d’autant plus apprécié par nos clients et en train de s’aligner avec les besoins réels et concrets des entreprises", Goshaba
Dans une autre mesure, les initiatives responsables et innovantes, résultant de collaborations entre des jeunes pousses et certains corporates « disruptifs », ont le pouvoir de créer une émulsion et d’encourager d’autres grands acteurs du marché à également déployer des solutions plus responsables. Comme nous l’explique Lizee :
"On observe un effet boule de neige et accélérateur lorsque certains grands groupes investissent massivement dans la transition progressive d’un modèle linéaire à un modèle circulaire et montrent une belle traction sur la location. Elles encouragent d’autres marques à se lancer par « fear of missing out ». C’est notamment le cas d’Ikea, Nike et d’Urban Outfitters qui se sont lancés dans la location mais également de Macy’s, Bloomingdale’s ou encore Scotch & Soda", Lizee
Le cofondateur de Phenix et co-président de Tech for Good France va également en ce sens et nous confie :
"L'effet “follower” fonctionne très bien. Souvent, quand on lance des projets innovants et disruptifs avec un acteur d’un secteur, les autres acteurs par effet d’entrainement s’intéressent à la solution par peur de passer à côté d’une opportunité. Par exemple, nous avons commencé à travailler avec Franprix, puis Carrefour, Casino et Monoprix ont suivi et ainsi de suite", Phenix
La crise a provoqué des bouleversements inédits. Cependant, de cette crise découle une prise de conscience généralisée de l’importance de l’impact social et environnemental des organisations sur la société. Malgré de fortes turbulences à tous les nouveaux de la société, le COVID-19 offre l’opportunité inédite de réinventer un monde d’après socialement et écologiquement responsable.
Ainsi s'achève notre série estivale :"Les tech trends du monde d'après".
Merci de nous avoir suivi !
Pour retrouver les épisodes précédents de notre série estivale "les tech trends du monde d'après" :
- Episode 1 : 5 clés qui redéfinissent les relations entre start-ups et grands groupes
- Episode 2 : 3 tendances clés sur le bouleversement des habitudes de consommation et comment y faire face
- Episode 3 : 5 enseignements que les corporates peuvent tirer des startups face aux nouvelles méthodes de travail
- Episode 4 : 3 enseignements clés sur l’accès au financement des startups dans le contexte de la crise du COVID-19
Pour en savoir plus sur l'écosystème digital et technologique de Bain : Bain Digital Ecosystem