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Banques mondiales en quête de nouvelles sources de revenus récurrents pour augmenter leur ROE, banques locales et régionales soumises à des pressions accrues sur leurs marges et des exigences en fonds propres plus élevées, ou encore fintechs … : nombreux sont les acteurs qui se ruent vers les activités de transaction banking (cash management & trade finance). Ce marché, certes très attractif, est aujourd’hui le lieu de la disruption la plus intense, émanant de nouveaux entrants non bancaires.
Cependant, cet engouement généralisé mérite d’être nuancé. Non seulement parce que les banques vont se bousculer sur le même pool de revenus, mais surtout parce que l’automatisation des process, jusqu’alors fastidieux et manuels, va avoir un fort impact à la baisse sur les coûts. Et cela au profit d’une forte amélioration de l’expérience utilisateur des entreprises clientes : transparence des informations tout au long de la transaction, vitesse d’exécution, traçabilité et sécurité renforcées...
Ces facteurs conjugués laissent présager, à terme, d’une baisse structurelle du prix des paiements transfrontaliers et des échanges commerciaux. En effet, Bain & Company estime que la DLT (Distributed Ledger Technology) pourrait, si elle est adoptée par tout l’écosystème, réduire les coûts d'exploitation des activités de financement des échanges commerciaux (trade finance) de 50% à 80% et diviser les délais de traitement par 3 ou 4 selon le type de produit ! Nous voyons déjà les prix baisser dans le réseau interbancaire international SWIFT.
Avec autant d’acteurs qui prévoient des gains de part de marché, la réduction des coûts grâce aux nouvelles technologies et la baisse structurelle des prix, tout le monde ne pourra pas s’y retrouver…
Repenser le rôle de la banque pour créer de la valeur dans le transaction banking
Avec la pression attendue sur les prix, les banques devront envisager un nouveau modèle de tarification, avec, plutôt qu’un prélèvement à l’acte par exemple, un forfait qui inclurait également des offres de transactions, de data analytics, des fonctionnalités de sécurité, une plateforme reliant le client avec d'autres banques, etc.
Certaines banques noueront des partenariats - avec des entreprises technologiques, d'autres banques, des plateformes de e-commerce, etc. - pour fournir une solution complète d’expertises et de services pour les activités transactionnelles de leurs clients. D'autres fourniront l'infrastructure pour les paiements et recouvrements domestiques, ou deviendront des utilities dans le traitement de transactions spécifiques dans des pays ou régions spécifiques. Autant de stratégies qui engageront les banques à explorer de nouveaux modèles économiques, allant du simple partage des revenus au partage de la relation client…
Les banques qui tardent à se moderniser se retrouveront probablement du mauvais côté de la concurrence. Celles qui feront la course en tête auront su anticiper et prendre à bras le corps la refonte de leur modèle opérationnel, leurs systèmes d’information, leurs outils, ainsi que le recrutement et la gestion des talents et leurs partenariats avec l’écosystème d’innovation.