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Les tech trends du monde d’après | Episode 4

Les tech trends du monde d’après | Episode 4

3 enseignements clés sur l’accès au financement des startups dans le contexte de la crise du COVID-19

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Les tech trends du monde d’après | Episode 4
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En Bref
  • Tendance 1 : Au-delà du potentiel de croissance, les startups devront apporter des preuves solides de leur potentiel de rentabilité pour convaincre les investisseurs
  • Tendance 2 : Etre positionné sur les sujets « business critical » du monde d’après est essentiel pour se démarquer et être considéré comme une cible attractive par les investisseurs
  • Tendance 3 : L’Etat un soutien crucial pendant la crise qui a cependant des limites

La crise du Covid-19 a indéniablement bouleversé le paysage du monde de l’innovation. Les jeunes pousses sont aujourd’hui contraintes de repenser leur stratégie d’accès aux sources de financement, critiques pour assurer leur survie. Essentiel pour assurer la reprise dans le monde d’après, le tissu d’innovation est aujourd’hui plus vulnérable que jamais. Grâce aux liens privilégiés et échanges réguliers que nous entretenons chez Bain & Company avec les 130 startups et VCs membres de notre Bain Digital Ecosystem, et à la lumière de notre accompagnement de nombreux grands groupes dans la définition de leur stratégie face à cette crise, nous avons identifié des transformations clés du monde de l’innovation provoquées par la crise du COVID-19, dont cet article se veut le quatrième épisode de notre série estivale « Les tech trends du monde d’après » : quels sont les 3 enseignements clés sur l’accès aux financement des startups dans le contexte de la crise du COVID-19. 

Merci à Cap Horn, BPI France, Zelros, Toucan Toco et Yoobic.

Tendance 1 : Au-delà du potentiel de croissance, les startups devront apporter des preuves solides de leur potentiel de rentabilité pour convaincre les investisseurs 

La crise du COVID a provoqué un choc économique d’une magnitude sans précédent sur le paysage de l’innovation. Face à ces profondes turbulences que traversent les jeunes pousses, les investisseurs privés et notamment les fonds de capital risques (VCs) redoublent de vigilance dans leurs analyses et arbitrages de financement à destination des startups. Comme nous le confie Cap Horn, VC spécialisé dans l’innovation B2B :

"Les VCs vont continuer à financer les startups. Ceci dit, en période d’expansion nous analysions principalement la croissance de l’entreprise, aujourd’hui cette métrique ne sera plus le driver clé. Notre grille de lecture accordera plus d’attention à la résilience de l’activité face à une crise, mais surtout à la capacité de la startup à devenir rentable", Cap Horn

Ainsi, les 40% de startups ayant actuellement pour objectif de lever des fonds, comme le démontre l’étude de Station F de mai 2020, devront faire face à des exigences d’autant plus élevées pour espérer rejoindre les portfolios de VCs ou obtenir des financements privés.

"Au-delà du potentiel de croissance, les ratios financiers et la lecture du P&L (Profit & Loss) seront d’autant plus scrutés. Il est certain que nous nous plongerons beaucoup plus profondément dans les Excel afin d’analyser les indicateurs de rentabilité comme l’EBITDA et le "burn rate", rythme auquel les startups brûlent du cash. Le temps de prise de décision s’allonge mais c’est nécessaire pour limiter les risques dans le contexte actuel", Cap Horn

En d’autre terme, au-delà de démontrer leur potentiel de croissance, les jeunes pousses en recherche de financement ou celles pour lesquelles les levées de fond ont été décalées, comme c’est le cas de 40% des startups d’après Station F, devront fournir une analyse solide de leur chemin vers la rentabilité. Ainsi, il devient d’autant plus essentiel pour ces startups de piloter leur activité les yeux rivés sur leur trésorerie. Comme nous le confie Zelros, spécialiste de l'assurance intelligente :

"Chez nous ce sont les commerciaux qui sont responsabilisés sur le recouvrement des factures. Chaque semaine en réunion business, nous pilotons leur bon recouvrement. La gestion des factures et donc le pilotage rigoureux de la trésorerie est réellement intégré dans la culture de l’entreprise", Zelros

Les startups habituées à une gestion « débrouillarde » ou au « bootstrapping », pour la plupart, effectuaient déjà un suivi rigoureux de leur trésorerie, les autres devront mettre en place de nouveaux dispositifs de pilotage afin de limiter l’hémorragie de cash, éléments d’autant plus scruté par les investisseurs. 

Tendance 2 : Etre positionné sur les sujets « business critical » du monde d’après est essentiel pour se démarquer et être considéré comme une cible attractive par les investisseurs

Au-delà de l’analyse purement financière de la croissance et de la rentabilité, un positionnement sur les sujets « business critical » du monde d’après sera un atout critique pour les jeunes pousses en recherche de financement. La crise a provoqué une réelle prise de conscience des grands groupes sur leurs lacunes technologiques. Les startups spécialisées sur des besoins digitaux critiques comme les « digital workplace », la cyber-sécurité, la gestion et visualisation de la data, ou encore l’IA, applicable à différents niveaux de l’entreprise pour mieux faire face à l’imprévisible et être plus agile, seront parmi celles qui attireront le plus l’attention des investisseurs. Par ailleurs comme nous comme nous le confie la Banque Publique d’Investissement française, BPI France :

"Aujourd’hui, les problématiques RSE et d’impacts environnementaux restent plus que jamais clés et sont suivies avec attention dans notre stratégie d’investissement et de pilotage de portefeuille"BPI France

Les startups prennent progressivement conscience de l’importance de leur positionnement sur des sujets clés du monde post-COVID, avec 33% des jeunes poussent qui ont prévu de faire pivoter leur activité vers de nouveaux marchés dans les 6 mois à venir, toujours d’après Station F. Comme nous l'explique Cap Horn :

"Une entreprise qui se positionne sur des sujets "mission critical" et qui a la capacité de s’insérer dans la chaîne de valeur de ses clients pour répondre à des problématiques critiques identifiées pendant la crise, est en toute logique plus susceptible de générer du cash et de démontrer des perspectives de croissance solides sur le long terme. Nous investissions déjà dans ces entreprises et nous continuerons à le faire. Les startups qui auront le meilleur produit au sortir de la crise seront celles qui fonctionneront le mieux", Cap Horn

Certaines start-ups du Bain Digital Ecosystem comme Toucan Toco, spécialiste de la data visualisation ont été capables de très rapidement s’adapter aux nouveaux besoins de leurs clients en créant en seulement 3 semaines plusieurs offres ad hoc répondant aux nouveaux enjeux critiques des entreprises, avec entre autres la création d’une solution dédiée à la gestion du chômage partiel. Par ailleurs, Yoobic, spécialiste de la digitalisation des processus opérationnels des équipes terrain, a développé et déployé en l’espace de 4 jours une solution pour Lacoste, permettant aux clients d’être rassurés sur le bon respect des protocoles de désinfection et d’hygiène en magasin et cabines d’essayages via le scan de QR code, cas d’usage très spécifique au contexte du COVID-19. Ces illustrations, démontrent à quel point il est plus que jamais critique de rester en adéquation et de surtout rapidement s’adapter aux nouveaux besoins très volatils du monde d’après, capacités auxquels les investisseurs sont aujourd’hui extrêmement attentifs dans leurs arbitrages de financement. 

Tendance 3 : L’Etat un soutien crucial pendant la crise qui a cependant des limites 

Face à la crise du COVID-19, 80% des startups françaises affirment avoir été négativement impactées avec 1/3 des jeunes pousses qui s’estiment menacées pour leur survie d'après l’étude David avec Goliath menée en partenariat avec Bain. L'Etat a indéniablement joué un rôle crucial dans le soutien financier du tissu de l’innovation français. Via l'implémentation de diverses mesures telles que le Prêt Garanti par l'Etat dont 65% des startups ont bénéficié, les mesures de reports de charges auxquelles 55% des jeunes pousses ont eu recourt ou encore le dispositif de chômage partiel utilisé par 45% des startups, l’Etat a apporté un soutien primordial aux jeunes pousses les aidant à faire face aux profonds bouleversements induits par le COVID-19. Pour le moment, les startups ont pu se reposer sur les nombreux dispositifs de sauvetage mis en place pour maintenir leur activité. Cependant, pour anticiper sur le moyen et plus long terme de la crise, les startups devront se mettre en position de scénariser leur stratégie de financement en fonction de l’évolution des dispositifs de soutien mis en place par l’Etat.

La crise du COVID-19 a eu impact indéniable sur les accès aux financements des startups, accentuant le caractère incertain de leur survie dans le monde d’après. Dans le prochain et dernier épisode de notre série les « tech trends du monde d’après », nous mettrons en lumière l’opportunité que présente la crise pour ré-inventer un monde plus respectueux des enjeux RSE. 

 

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